Nécrologie de Cerf GODCHAUX parue dans la revue Archives Israelites de France.

Auteur inconnu

M. Cerf Godchaux, substitut du procureur du roi à Mons (Belgique), mort il y a peu de temps, presque subitement, à Luxembourg, était un de nos coreligionnaires les plus distingués. Jeune encore, il avait débuté sous les plus heureux auspices, au barreau d’Arlon, lorsqu’il fut nommé juge suppléant au tribunal de cette ville. Un sens droit, un jugement ferme et sûr, un savoir profond, des habitudes laborieuses, lui concilièrent bientôt l’estime de ses collègues et des justiciables. Lorsqu’il quitté Arlon en 1837, pour aller exercer d’autres fonctions, il y laissa les souvenirs les plus honorables.

Appelé au tribunal de Diekrich (Luxembourg), en qualité de Juge, M. Godchaux résigna son siège, lorsque ce pays cessa de faire partie de la Belgique, et passe au même titre au tribunal de Charleroy. Là, comme à Arlon, comme à Diekrich, il se fit remarquer par l’étendue de ses connaissances, par son dévouement à ses devoirs, et par toutes les qualités qui font l’homme de bien.

Un talent de parole remarquable devait naturellement l’appeler à faire partie de cette magistrature militante, pleine de soucis, de difficultés et quelquefois de périls, qui se nomme le ministère public. Il accepta en effet les fonctions de substitut du procureur du roi à Mons. Dans cette nouvelle position, il déploya un zèle bien digne d’éloges ; mais malheureusement au-dessus de ses forces. On le vit, en effet, sourd à la voix de ses amis, de ses parents qu’inquiétait la faiblesse de sa santé, se livrer au travail avec une ardeur immodérée. Chargé, peu de jours avant sa mort, de soutenir plusieurs accusations très graves, dont une amena une condamnation capitale, il persista, quoique déjà épuisa de fatigue, à suivre jusqu’au bout des débats longs et compliqués…; ses forces y succombèrent.

 Rentré dans sa famille, où il allait chercher, au commencement des vacances, le repos dont il avait besoin, il fut saisi de coliques néphrétiques, qui l’enlevèrent en deux jours. M. Godchaux, n’avait que 36 ans.

Sa mort a jeté dans un deuil profond et éternel ses parents dont il était l’idole, et ses nombreux amis.

La presse a été unanime à louer en lui le magistrat intègre, éclairé et impartial. Ses ennemis même (car il avait dû s’en faire dans l’exercice de ses fonctions), ont rendu un éclatant hommage à la loyauté de son caractère, à ses talents, à ses vertus.